Une
voix au milieu d'un tourbillon de bruits. Un cri au milieu d'autres
cris. Ne pas entendre sa propre voix. Etre au milieu de tout cela,
être le cri. Je suis en train d'étouffer sous l'oreiller.
Non, je suis à l'intérieur. A l'intérieur d'une
tête. La mienne. Celle d'un autre. Peu importe finalement. Etre
comme sous quelque chose de mou qui nous empêche de respirer.
Pourtant impossible de mourir également. Etat permanent d'étouffement.
L'importance du centre, on y est, j'y suis. Je suis dans une tête,
je ne vois rien. Peut-être une tête qui n'appartient à
personne. A visiter. Consultez les tarifs sur la brochure. Plus lourd
qu'un oreiller. Plus dur aussi. Presque comme de la pierre. Comme
si on voulait, qui on, comme si vouloir étouffer tous ces cris.
Les autres qui parlent qui crient dans la même tête que
moi. Croire qu'on pourrait être seul à l'intérieur,
et puis. Tous dans la même tête. Impossible de se défaire
des autres, même dans son propre corps ça continue de
grouiller comme des vers, ils vous pressent encore une dalle de pierre
contre le visage, ils continuent de crier pour voiler vos propres
sons, ils. Le centre se déplace, on sent juste cet éloignement
inévitable, son cri qui se perd entre les autres cris, cris
de plus en plus forts, de plus en plus nombreux. On se tait, on ferme
les yeux.